Stage de théâtre « corps et espace » - 28 – 29 janvier 2011


Travail sur les entrées et les sorties de scène :

Il faut maitriser la limite ‘coulisse-scène’ et trouver la bonne distance par rapport à cette limite, notamment dans un espace non dédié au spectacle (salle de classe, couloir ou autre)
Exercice : on investit l'espace en équilibrant le plateau, et on demande à chacun de "sortir" de l'espace de jeu : en fait, tout le monde est "physiquement" présent, mais extérieur au jeu, sur les côtés, trop proche des murs ou des meubles ; on demande ensuite aux comédiens d' "entrer" : c'est ténu, il suffit d'avancer de quelques centimètres, d'avoir une autre posture, de libérer autour de soi un espace qui pépare au jeu scénique. On répète le mouvement d'entrée et de sortie pour bien percevoir le moment où on est "in" ou "out" . Les non-anglicistes pourront se référer au glossaire.

Il faut aussi apprendre à gérer la distance adéquate entre les différents personnages ; cette distance étant celle où l’on se sent le plus à l’aise (notamment des élèves dans leurs rapports aux autres) et celle qui sonne le plus ‘juste’.
Exercice : on marche, de manière neutre, et on s'arrête en se dévisageant quand les regards se captent : quelle distance est neutre, trop lointaine ou trop proche ? Quel sens donne le fait de s'éloigner, de se rapprocher ? Ici, diviser le groupe en deux, acteurs et spectateurs, et faire réagir les spectateurs peut être constructif.

On peut jouer sur les variations de distance entre deux personnes. Il n’y a pas nécessairement de distance convenue ou réglée selon tel ou tel jeu. Cette variation de la distance va permettre d’exprimer des intentions différentes.

Garder à l’esprit que la réduction de la distance entre deux personnages réduit l’espace de jeu et inversement.

Travail sur le regard :

Exercice : tout en marchant, trouver le regard de l’autre et maintenir ce regard sobrement, de la façon la plus neutre possible, sans parler, rire, ni exprimer quoi que ce soit  de particulier. Pour gérer la concentration dans cet exercice difficile (attention au fou rire), travailler la respiration.

Travail sur la gestion du silence :

Quand doit-on garder le silence ? Pourquoi ? Dans quel but ? Combien de temps ?

S’interroger sur ce que le silence exprime.

Exercice : on poursuit l'exercice précédent : déplacements silencieux et lents, regard fixe dans les yeux de celui qu'on croise, puis rupture et. déplacement : cela ressemble à une chorégraphie, si on prend en compte les éléments précédents : concentration et respiration, recherche intuitive de la bonne distance, attention aux rythmes et à ses changements, occupation de l'espace.

Variations : tous les comédiens ont bien compris qu'en se concentrant sur la respiration, on parvient à éviter les fou rire, les gestes parasites et autres béquilles. On introduit des contraintes supplémentaires, de plus en plus déstabilisantes. On peut imposer une consigne supplémentaire : au moment où on se regarde, on se dit quelque chose, bonjour, je t'aime, coucou Sarko... L'idée est de garder l'impassibilité et la concentration.

Un exercice que je viens d'inventer : "PJ". Une agression a été commise, on procède à l'identification du coupable : le suspect est aligné, avec 4 autres personnes : la victime entre, dévisage attentivement les 5 individus, se concentre, s'approche de l'un d'eux et le désigne : c'est lui ! Le jeu consite à garder son impassiblité, son sérieux et son silence pendant toute la séquence.

Exercice proposé par Didier : les Jets et les Sharks, pour conclure le travail sur les déplacements, le silence et la concentration : le groupe est divisé en deux bandes rivales, qui vont s'affronter. Elles se regroupent dans deux coins opposés de l'espace de jeu ; l'animateur désigne un chef pour chaque bande : on s'affronte du regard, et on s'approche le plus lentement possible les uns des autres ; on peut s'arrêter, revenir en arrière, tous groupés : au moment de le rencontre des deux bandes, il faut poursuivre de telle sorte que, sans contact physique, en acceptant les propositions des"rivaux", mais qui sont partenaires de jeu, les deux groupes se croisent, s'interpénètrent par osmose et finalement se séparent pour se regrouper à l'opposé de leur point de départ.

Travail sur le corps :

Il faut trouver son équilibre au sol : debout, pieds à plat, bien plantés au sol. On peut ainsi faire le balancier sans tomber et donc se faire ‘bousculer’ sans perdre son équilibre ; et donc on peut contrôler sa chute (volontaire).

Exercices : au sol, on se concentre sur sa respiration, qu'on essaie de placer de telle sorte qu'on inspire par les pieds et qu'on expire par la tête, et on écoute...
Debout, on cherche à retrouver la même concentration et les mêmes sensations. On cherche son équilibre par de légères oscillations, en restant tonique, puis on relâche en laissant le poids de sa tête nous entraîner vers le bas, lentement, sans forcer. Arrivé au maximum, les plus souples ont les mains au sol, les autres ne forcent pas pour y arriver, on reste quelques instants dans cette position pour placer la respiration, et on se redresse lentement en cherchant à visualiser ses vertèbres qui s'empilent les unes sur les autres ; entièrement redressé, on lève les bras, les mains à plat et on s'élève sur la pointe des pieds en expirant, tenant la voute céleste sur ses mains ; on termine l'exercice en laissant tomber les bras de manière tonique, sur l'inspiration.


Il faut de la tonicité dans les déplacements.

Exercice : tous en masse tournés dans la même direction, se déplacer rapidement en ligne droite vers un point préétabli. Le 1er arrivé fait brusquement demi-tour pour repartir dans la direction opposée, entrainant  immédiatement  ses ‘suivants’ à en faire autant et devenir ainsi les 1ers. Quand le mouvement est rodé, on peut demander à n'importe lequel des participants de prendre l'initiative de l'arrêt et du demi-tour des étourneaux.

L’objectif est de rester concentré et à l’écoute du groupe, des autres. C’est comme le passage de relai, comme un signal qui doit induire la réplique de l’autre, le début du jeu, une entrée en scène, … sans avoir recours à une ‘béquille’.

Exercice : Tout le monde sautille, sur place, en avant, en arrière, très vite, de façon aléatoire mais rectiligne. Il faut sentir les autres, ne pas se heurter, ni se toucher. Il faut être TRES à l’écoute des autres, du groupe.

Travail de mise en scène :

Il faut être rigoureux sur les consignes. Les interprètes ne doivent ni changer, ni ajouter ou supprimer du texte.

Les contraintes sont nécessaires pour avancer mais il ne faut pas s’enfermer trop tôt dans une interprétation, une mise en scène.

Cependant, an cadre très spécifique permet d’avoir des directions dans lesquelles partir ensuite, s’éloigner de ce cadre, le modifier.

Il faut que l’acteur soit dans l’action et non la réflexion. : il faut FAIRE et non réfléchir à ce qu’on fait.

Rejouer, c’est empiler des idées et non les remplacer par d’autres.

Notamment avec des élèves, ‘retravailler’ un passage en ajoutant entre chaque ’re-jeu’ une consigne, contrainte, idée supplémentaire.

Il faut rejouer à l’infini jusqu’à trouver le geste juste ; il est inutile d’en faire de trop au risque de tomber dans la caricature.

Pour exprimer un chuchotement, une tendresse, il ne faut pas ‘détimbrer’ sa voix : la garder audible pour tous en trouvant le ton juste. On peut tourner le dos au public tant que l’on garde en tête que l’on s’adresse à eux, et non aux personnes en face de nous. Donc, on parle pour son dos !

Le metteur en scène n'hésite pas à faire rejouer, en demandant dans un premier temps aux comédiens de ne pas intervenir et de se soumettre à ses propositions, qu'il peut ainsi pousser jusqu'à un stade qui lui semble abouti : on s'interroge ensuite seulement sur la pertinence de cette proposition. L'idée est d'explorer une piste, de la repousser si elle ne présente pas d'intérêt, mais de s'en donner le temps. La manoeuvre peut exiger un certain doigté...

 

Compte-rendu de Laure avec des fioritures de Dominique